Ne regardez pas le renard passer

Une installation sonore présentée à
SUPERVUES Vaison la Romaine, décembre 2016
Galerie EVA VAUTIER, février 2017
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Quel est votre premier souvenir ? Cette question n’est simple qu’en apparence. Elle donne à chaque participant l’occasion de se projeter dans un passé enfoui au plus profond de sa mémoire. J’ai enregistré la réponse de quatre-vingt-cinq personnes. Elles m’ont généreusement livré avec une grande sincérité et beaucoup d’émotion un souvenir de leur petite enfance. Ce sont ces réponses qui sont rassemblées dans une pièce sonore. C’est la masse de tous ces souvenirs rassemblés qui construit un récit à la frontière du rêve dans lequel nous pouvons tous nous projeter.
  • Le premier souvenir et l’archive de ce qui aurait pu se passer
    Au sortir de l’exposition de Simone Simon, quelques voix résonnent et convoquent notre attention. Les mots entendus au sein de l’installation sonore nous accompagnent, tels des guides. Il y a des souvenirs vers lesquels on est obligé de se tourner, dans un mouvement irrésistible, afin de poursuivre justement une conversation amorcée. Ces enregistrements sonores racontent “La première douleur sur le thorax et le bonheur du talc”, “Le bonheur de sauter dans la maison”, “La pâte à tarte”, ”Une comptine“, “L’acte de coudre sans succès”, “La musique de Chopin”, “La peur”, “La folie”, “Le coup de foudre”, “L’écorce d’un arbre”, “La bille avalée”, “Le pull mauve”, “Le premier désespoir”, et encore la joie, et encore la douleur, ”Une douleur indicible”… et encore l’émotion. Voilà qu’une archive anonyme nous émeut et nous appelle à un exercice bien particulier : la mise en mouvement de nos propres souvenirs à l’état naissant. Et soudain survient le questionnement sur la nature de nos souvenirs, sur leur apparition et leur disparition. Comment se construisent nos archives ? «Pour garder, justement, on détruit, on laisse se détruire beaucoup de choses, c’est la condition d’une psyché finie, qui marche à la vie, à la mort, qui marche en tuant autant qu’en assurant la survie. Pour assurer la survie, il faut tuer. C’est ça l’archive, le mal d’archive», nous dit Jacques Derrida. Extrait du texte de Chiara Palermo Docteur en philosophie — Université de Strasbourg Tout droit d’auteur réservé


L’installation sonore

Extrait bande sonore